Débattre en 2015 à propos de la négociation du travail est tout sauf anodin. Derrière l'expression « négocier le travail » se profile nombre d'implications théoriques et pratiques. Parmi celles-ci : la qualification des espaces productifs comme des espaces d'ajustements et de composition – et non pas seulement de subordination et de domination ; la reconnaissance que s'y accomplit un travail de "joint regulation" et que s'y règle, parfois avec heurts, un jeu collectif sur les règles du jeu productif ; la nécessité de penser ce travail de négociation du travail avec les outils théoriques et notionnels appropriés ; le besoin de disposer de grilles d'observation et d'un schéma d'analyse saisissant, dans une même prise, acteurs, enjeux, stratégies, règles et contextes du travail négocié. Enfin : la déclinaison d'un programme collectif de recherche, s'inspirant de celui que dessinait Anselm Strauss dans son ouvrage de 1978, "Negotiations", où l'ordre négocié, sans occulter les autres ordres structurant les milieux de travail, serait, non le point d'arrivée de l'analyse – le travail se négocie ! – mais son point de départ.